zOom sur Agripédia

Chaque mois, notre business center « OoTECH » organise une présentation matinale de l’un de ses Résidents : le zOom ; c’était l’occasion de découvrir l’activité d’Estelle Bonnet-Vidal, fondatrice et gérante de Lincks, une agence spécialisée en communication scientifique.

Devant une assemblée venue nombreuse en Salle des Nuages, Estelle nous a présenté AGRIPEDIA NC, un site web de fiches techniques commandité par l’institut agronomique néo-calédonien (IAC) et destiné à diffuser gratuitement et au plus grand nombre les innovations et les connaissances acquises sur l’agriculture et les paysages en Nouvelle-Calédonie. Rencontre avec une de nos plus anciennes – et souriantes – Résidentes !

Bonjour Estelle, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?

Bonjour à tous ! Je m’appelle Estelle Bonnet-Vidal. J’ai créé mon agence de communication scientifique Lincks en 2018. L’essentiel de mon travail consiste à vulgariser le travail de recherche des chercheurs pour le rendre beaucoup plus facilement accessible et rapidement compréhensible par les décideurs politiques, les services techniques, les entrepreneurs ou tout simplement les citoyens.

En effet, j’ai suivi une formation scientifique, avec un Master – DEA à l’époque – de microbiologie moléculaire, que j’ai obtenu à l’université de Luminy à Marseille. J’ai ensuite passé le CAPES et enseigné les sciences de la vie et de la terre (SVT) pendant quinze ans dans le sud de la France. Je suis arrivée en Nouvelle-Calédonie en 2010 pour y accompagner mon mari. Comme il n’y avait pas de poste de professeur de SVT disponible par mutation sur le territoire, il a donc fallu me reconvertir. J’ai été journaliste scientifique pendant deux ans aux Nouvelles Calédoniennes. Je publiais également des articles dans des revues comme Sciences et Avenir, Science&Vie, National Géo

Après cette expérience journalistique, j’ai été embauchée par l’IAC (Institut Agronomique néo- Calédonien) pendant trois ans en tant que chargée de communication. Enfin, j’ai connu un dernier poste similaire au sein de la Chambre de l’Agriculture avant de décider de m’émanciper en créant ma propre structure. L’idée était de pouvoir officier comme chargée de communication scientifique pour un plus grand nombre d’organismes, notamment ceux qui n’avaient pas les moyens d’en recruter une à plein temps, mais qui pouvaient en avoir besoin sur des projets ponctuels.

Lincks est donc une agence de communication scientifique en Nouvelle-Calédonie que tu as créé en juillet 2018. Sur quelles missions as-tu travaillé depuis ?

Depuis la création de Lincks, j’ai le plus souvent travaillé sur la vulgarisation de rapports de recherche ou de thèses – souvent très longues et complexes – pour parvenir à des brochures de quelques pages. Ces documents peuvent avoir des thématiques très diverses, allant de la problématique des feux de brousse et de forêt aux travaux de recherche sur les roussettes calédoniennes en passant par l’anthropologie de la pêche ! Ce travail de vulgarisation constitue une grande partie de mes missions.

J’anime également des évènements scientifiques, comme par exemple des tables rondes qui réunissent des scientifiques. En amont, il y a tout un travail de « coaching » et d’échanges, afin de les aider à produire des présentations plus courtes et percutantes pour un public qui n’est pas scientifique. En effet, les chercheurs ont souvent l’habitude d’échanger avec d’autres experts de leur domaine et cela demande une préparation particulière de s’adresser aux décideurs politiques ou la société civile. Cet exercice requiert un langage clair et plus concis.

Je collabore donc beaucoup avec des organismes de recherche comme l’IAC, l’Ifremer, l’Université ou l’IRD, mais aussi avec les Provinces, le gouvernement des sociétés comme Enercal, ou encore des associations agricoles comme les Upras. J’ai de ce fait une palette d’activités très larges, ce que je trouve particulièrement enrichissant.

Pourquoi est-ce important de communiquer sur les travaux scientifiques du territoire ?

Je pense qu’il s’agit d’un effort crucial d’autant que nous sommes désormais constamment renvoyés à des crises : crise environnementale, crise agricole, la crise climatique, une société qui change à très grande vitesse… Dans ce sens, les connaissances nouvelles et issues de la recherche scientifique aident la société à s’adapter à ces bouleversements. La recherche nous aide à trouver des solutions innovantes qui permettent de remédier à ces nombreuses problématiques. Elle permet surtout d’analyser les choses sur des temps longs et prendre de la hauteur.

Je mets donc à disposition du plus grand nombre des résultats qui, jusqu’à présent, restaient plutôt cantonnés au milieu scientifique. L’idée étant que, dans un effort d’intelligence collective, des personnes s’en emparent et aient envie de parvenir à mettre en place des solutions concrètes.

Te voilà donc installée dans notre business center OoTECH ! Quel est ton premier retour d’expérience depuis ton arrivée ?

Je suis en fait une des plus anciennes résidentes d’OoTECH ! J’ai rejoint ce bureau au tout début de l’aventure. Depuis la fin de la crise sanitaire, l’espace s’est bien rempli et une bonne dynamique s’est créée. J’apprécie particulièrement de pouvoir distinguer vie professionnelle et vie personnelle. De plus, OoTECH m’offre un environnement de travail très calme dans lequel je peux me concentrer pour rédiger. Vulgariser demande un effort de concentration énorme !

J’apprécie enfin la dynamique de nos Community builder qui nous poussent à rencontrer de nombreux profils, tous différents et passionnants !

Et ce zOom alors, c’était comment ?  De quoi nous-as-tu parlé ?

L’expérience m’a beaucoup plu ! J’y ai présenté « Agripedia.nc », le projet le plus important sur lequel j’ai travaillé depuis la création de mon agence. Il s’agit d’un site internet commandité par l’IAC et qui valorise des fiches techniques agricoles, rédigées par l’IAC et d’autres partenaires.

Ces fiches permettent aux agriculteurs – et à tout citoyen calédonien le souhaitant – d’accéder à de nombreuses connaissances, techniques et innovations acquises sur l’agriculture et les paysages en Nouvelle-Calédonie.

Cette présentation m’a permis d’échanger avec le public présent et d’avoir des remarques intéressantes, notamment concernant la suite à donner à ce projet. Cela fait plusieurs années que je suis en effet « la tête dans le guidon » avec la conception et la rédaction des contenus. J’ai donc apprécié d’être challengée quant au futur d’Agripedia.nc et à son modèle de financement.

Quelles sont tes prochaines actualités ?

Il y en a pas mal ! J’ai terminé une brochure de vulgarisation sur les roussettes pour la Province Nord. Pour cela, j’ai vulgarisé trois rapports de recherche de l’IAC et la thèse de Malik Oedin (IAC-IRD-IMBE), c’était donc un sacré challenge. Les roussettes sont des espèces emblématiques en déclin et la Province Nord souhaite diffuser un socle de connaissances commun, issu de la recherche, afin de sensibiliser et mobiliser ses habitants autour de leur préservation durable. Ensuite, j’ai actualisé les contenus du prochain nouveau site internet de l’Ifremer de Nouvelle-Calédonie. J’ai également animé récemment une soirée spéciale au festival Sublimages pour le service du parc naturel de la mer de Corail et de la pêche. En ce moment, je me concentre sur la rédaction d’un socle de connaissances sur le changement climatique dans le Pacifique Sud avec les scientifiques du projet CLIPSSA (Climat du Pacifique, savoirs locaux et stratégies d’adaptation – IRD, Météo-France, AFD). Le changement climatique est un sujet majeur et je suis contente d’avoir intégré l’équipe de ce projet. Et puis, pour terminer, j’organise pour le 4 octobre, une soirée très originale que nous préparons depuis un an avec des scientifiques (IRD, Météo-France, Institut Pasteur, UNC) ainsi que les professeurs et jeunes musiciens du conservatoire de musique. Il s’agit d’une soirée concert et cinéma sur des extraits des films d’animation de H. Miyazaki (Ponyo, princesse Mononoké, mon voisin Totoro…). Les scientifiques rebondiront sur les forces de la nature calédonienne. C’est une création art & science inédite, l’entrée est libre et gratuite (dans la limite des places disponibles). Et du pur bonheur à préparer avec toute l’équipe et le soutien de nos sponsors !

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